Spiritualité de la Milice Angélique

Saint Thomas reçut de deux anges un cordon pour le préserver de toute atteinte contre la chasteté. Cette ceinture rappelle le baudrier que portaient à l’époque les chevaliers et qui était un signe de leur engagement. En ceignant ses reins de ce cordon, les anges associèrent le jeune frère Thomas à leur milice. Ils l’enjoignirent de mener une vie chaste qui rappelle les mœurs angéliques. À l’exemple du Docteur angélique, les membres de la Milice Angélique s’engagent à mener une vie chaste conforme à la vocation à laquelle Dieu destine tout catholique, à savoir une vie sainte et pure. Dans ses lettres, l’apôtre saint Paul revient souvent sur la nécessité d’observer une vie chaste, il exhorte les premiers chrétiens à s’abstenir des convoitises de la chair : 

« La volonté de Dieu, c’est votre sanctification : que vous vous absteniez de la fornication ; que chacun de vous sache posséder son propre corps dans la sainteté et dans l’honneur, sans suivre la convoitise des passions, comme les païens qui ne connaissent pas Dieu. (…) Dieu, en effet, ne nous a pas appelés à l’impureté, mais à la sainteté, dans le Christ Jésus notre Seigneur » (I Th 4, 3.7).

Le chrétien est appelé à quitter l’esclavage du péché pour s’attacher à la Loi du Christ qui libère l’homme de la domination des convoitises. C’est en prenant sur soi le joug du Seigneur qu’il fait l’expérience de la liberté des enfants de Dieu. Quand le chrétien rejette les œuvres des ténèbres qui rongent l’âme de remords, il goûte aux fruits du Saint-Esprit, énumérés par saint Paul : « la charité, la joie, la paix, la longanimité, la serviabilité, la bonté, la confiance dans les autres, la douceur, la maîtrise de soi » (Ga 5, 22-23).

Pour arriver à une pleine maîtrise de soi, il est bon de se rappeler que les passions sont une force que Dieu a déposée en l’homme. Il revient à celui-ci de les utiliser en vue du bien, de les mettre au service de Dieu et du prochain. Celles qui sont liées à la transmission de la vie ont besoin d’être rectifiées par la vertu de tempérance. La sexualité est un don de Dieu fait à l’homme qui l’associe à son œuvre créatrice pour qu’à son tour, il transmette la vie. En l’exerçant, l’être humain engendre d’autres personnes, il participe ainsi à la fécondité divine. Mais le péché originel et les péchés personnels ont introduit dans ce domaine un désordre qui se manifeste par le désir de capter pour soi le plaisir lié à l’acte de génération en le séparant de sa finalité, à savoir la procréation. Le péché d’impureté consiste à détourner l’acte conjugal de son but, à savoir transmettre la vie, pour en retirer une satisfaction égoïste. Ce péché revêt une malice particulière en ce qu’il détourne la sexualité de sa signification et de sa finalité telles que Dieu les a voulues à l’origine. La vertu de chasteté, qui s’acquiert par la répétition d’actes vertueux, vient rectifier ce désordre moral et canaliser les passions humaines selon le bien moral, conformément à la volonté de Dieu. Elle est souvent le résultat d’un long combat contre ses propres passions déréglées par la blessure du péché originel et des péchés personnels. Pour obtenir la vertu de chasteté, le chrétien doit prendre les moyens adaptés, qui sont de plusieurs sortes. 

Le premier consiste à réprimer les mouvements désordonnés de la chair qui lutte contre l’esprit. Cela implique une certaine ascèse, c’est-à-dire une discipline imposée au corps pour qu’il suive l’ordre dicté par la raison et la volonté. Le meilleur moyen est ce que l’on appelle traditionnellement « la garde des sens ». En effet, les yeux sont les fenêtres de l’âme, et c’est par eux que le cœur reçoit des impressions sensibles d’où naissent les désirs impurs. Qui sait détourner ses yeux des mauvaises images, se préserve des mouvements désordonnés de la chair.

Il y a également la fuite des occasions de péché. Quand on sait que tel objet (smartphone ou tel livre) ou encore telle fréquentation de personnes ou de lieux, nous entraînent à de mauvaises pensées, on est dans l’obligation de les fuir. Qui joue avec le feu, se brûle tôt ou tard immanquablement. Accepter en pleine connaissance de cause un seul péché véniel contre la pureté, c’est s’exposer à commettre prochainement une faute grave. Cela implique d’être sur ses gardes, par exemple en s’abstenant de mauvaises lectures ou de regarder des images immodestes.

La prière est l’un des meilleurs remèdes dans les tentations. Il est bon de prendre l’habitude d’invoquer le Nom de Jésus et celui de Marie pour qu’ils viennent chasser les pensées qui troublent l’âme. La méditation des souffrances endurées par le Christ dans sa Passion nous rappelle que nous avons été rachetés au prix de son Précieux Sang et que nous n’avons pas le droit de le rendre inutile pour nous à cause d’un péché. Lors de sa flagellation, le Christ a offert à son Père une réparation pour les péchés de la chair. Allons puiser dans le trésor de ses mérites pour remporter avec Lui la victoire sur les désordres de la chair.

La fréquentation régulière du sacrement de pénitence offre les remèdes spirituels adaptés pour guérir l’âme et la rendre forte dans le combat spirituel. Si une chute survient, il convient de faire un acte de contrition parfaite et de se confesser au plus tôt. Quant à la sainte communion reçue en état de grâce, elle donne la force d’apaiser les passions. On goûte parfois un réel apaisement au moment de la communion. Les passions se font moins tyranniques et, avec l’aide de Dieu, on arrive à les dompter et à leur imposer la bonne direction. Ainsi, on réussit à mettre son affectivité au service de la charité de Dieu et du prochain.